Zones humides
Qu’est-ce que les zones humides?
Les zones humides sont des espaces de transition entre les milieux terrestres et aquatiques. Leurs caractéristiques géomorphologiques permettent l’expression de différentes fonctionnalités :
- Hydrologiques;
- Écologique;
- Épuratrices et protectrices.
Fonction hydrologique : Les zones humides participent en effet à la régulation mais aussi à la protection physique du milieu. Elles contrôlent et diminuent l’intensité des crues par le stockage des eaux prévenant ainsi des inondations. Elles jouent un rôle dans le ralentissement du ruissellement. En retenant l’eau, elles permettent aussi son infiltration dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques et éviter leur disparition lors de périodes chaudes. Elles peuvent de la même façon, soutenir les débits des rivières en période d’étiage grâce aux grandes quantités d’eau stockées et restituées progressivement.
Fonction écologique : Les zones humides assurent également des fonctions vitales pour beaucoup d’espèces végétales et animales. Elles abritent près de 50 % des espèces d’oiseaux ainsi que des plantes remarquables ou menacées, et sont le support de la reproduction de tous les amphibiens et de certaines espèces de poissons. Elles font office de connexions biologiques (zones d’échanges et de passage entre différentes zones géographiques) et participent ainsi à la diversification des paysages et des écosystèmes. Elles offrent des étapes migratoires, zones de stationnement ou dortoirs aux espèces migratrices comme les oiseaux.
Fonction épuratrice et protectrice : En outre elles participent à l’amélioration de la qualité des rivières et à la protection des ressources souterraines. Elles favorisent le dépôt des sédiments, le recyclage et le stockage de matière en suspension, l’épuration des eaux mais surtout la dégradation ou l’absorption par les végétaux de substances nutritives ou toxiques. Enfin, par l’écrêtement des crues et la végétation des berges, elles possèdent un rôle non négligeable de protection contre l’érosion.
Depuis les trente dernières années les milieux humides ont subi une régression importante sur le territoire français : face à ce constat et à la prise de conscience du rôle des zones humides vis-à-vis de la ressource en eau, la législation se mobilise en leur faveur.
Aspect réglementaire et engagement international
Le texte réglementaire fondateur qui impose la prise en compte des zones humides en France est la loi sur l’eau du 23 janvier 1992. Cette loi définit les zones humides comme « des terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».
La loi sur le développement des territoires ruraux (dite loi DTR), du 23 février 2005, va préciser cette définition. En effet, lorsque les critères liés à la végétation sont absents (saisonnalité, activité humaine, …), l’hydromorphie du sol peut être utilisée pour identifier la présence de zone humide.
La loi DTR permet donc de délimiter les zones humides, en particulier à travers l’arrêté du 1er octobre 2009 (modifiant celui du 24 juin 2008), complété par la circulaire du 18 janvier 2010 qui définit la méthodologie.
La loi DTR introduit également deux niveaux de zones humides : les Zones Humides d’Intérêt Environnemental Particulier (ZHIEP) sur lesquelles peuvent être mis en place des programmes d’actions, et les Zones Humides Stratégiques pour la Gestion de l’Eau (ZHSGE).
Par ailleurs une convention relative à la conservation des zones humides d’importance internationale a été signée le 2 février 1971 à Ramsar en Iran et ratifiée par la France en octobre 1986. La Convention de Ramsar vise à favoriser la conservation des zones humides de valeur internationale du point de vue écologique, botanique, géologique, limnologique ou hydrographique et en premier lieu les zones humides ayant une importance internationale pour les oiseaux d’eau en toute saison.
Diagnostic des zones humides: identification et délimitation
La méthodologie employée pour l’identification et la délimitation des zones humides repose sur l’arrêté du 24 juin 2008 modifié par l’arrêté de 1er octobre 2009 qui s’appuie sur deux critères : l’hydromorphie du sol et la végétation hygrophile. L’un des deux critères suffit pour statuer sur le caractère humide d’un milieu.
L’étude du sol
La morphologie des sols de zones humides se base sur l’hydromorphie, phénomène traduisant la saturation d’un sol en eau, et ceci de manière plus ou moins prolongée dans le temps. Elle est édictée par l’arrêté du 1er octobre 2009 qui décrit la morphologie en trois points notés de 1 à 3 et se base sur la classe d’hydromorphie définie par le Groupe d’Etude des Problèmes de Pédologie Appliquée (GEPPA, 1981 ; modifié) :
« Les sols des zones humides correspondent :
- A tous les histosols, car ils connaissent un engorgement permanent en eau qui provoque l’accumulation de matières organiques peu ou pas décomposées ; ces sols correspondent aux classes d’hydromorphie H du GEPPA modifié ;
- A tous les réductisols, car ils connaissent un engorgement permanent en eau à faible profondeur se marquant par des traits réductiques débutant à moins de 50 centimètres de profondeur dans le sol ; ces sols correspondent aux classes VI c et d du GEPPA ;
- Aux autres sols caractérisés par :
- des traits rédoxiques débutant à moins de 25 centimètres de profondeur dans le sol et se prolongeant ou s’intensifiant en profondeur. Ces sols correspondent aux classes V a, b, c et d du GEPPA ;
- ou des traits rédoxiques débutant à moins de 50 centimètres de profondeur dans le sol, se prolongeant ou s’intensifiant en profondeur, et des traits réductiques apparaissant entre 80 et 120 centimètres de profondeur. Ces sols correspondent à la classe IV d du GEPPA. »
L’étude de la végétation hygrophile
Les zones humides sont caractérisées par une végétation composée d’espèces végétales bien typiques de ces zones. En effet, la présence d’espèces hygrophiles est un critère déterminant pour définir les zones humides d’un site d’étude.
Ainsi un inventaire floristique (c’est-à-dire la liste des espèces végétales la plus exhaustive possible) est réalisé sur le site. Cet inventaire est croisé avec la liste des espèces indicatrices de zones humides déterminée dans l’arrêté du 24 juin 2008. Selon les départements cette liste peut être étendue à des espèces locales. Un habitat est considéré comme zone humide si l’inventaire floristique révèle que plus de 50% du recouvrement est constitué d’espèces indicatrices de zones humides.
L’intervention d’ALISE
La caractérisation des zones humides fait appel à différents domaines d’expertises : botaniques, pédologiques et hydrologiques, ainsi qu’à une maîtrise des outils informatiques permettant une localisation des zones humides et le traitement de l’information (SIG : Système d’Information Géographique).
Dans le cadre de projets susceptibles de s’implanter en zone humide, ou de révision des documents d’urbanisme (PLU, SCoT), l’équipe d’ALISE intervient à différents niveaux :
- Diagnostic Zone Humide : Délimitation;
- Étude des Fonctionnalités des zones humides (caractérisation);
- Analyse des impacts du projet sur la Zone Humide;
- Proposition de mesures compensatoires, Plan de gestion.